Des manifestants portent un élu de l'opposition devant le Parlement burkinabé à Ouagadougou, le 30 octobre 2014.
Des manifestants portent un élu de l'opposition devant le Parlement burkinabé à Ouagadougou, le 30 octobre 2014. - ISSOUF SANOGO / AFP
20 minutes avec AFP
L'armée a pris le pouvoir jeudi soir au Burkina Faso, où le président Blaise Compaoré a refusé de démissionner malgré des émeutes sanglantes contre son régime, un blocage faisant planer de lourdes incertitudes pour les journées à venir. Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président: le Burkina s'est enflammé jeudi, et cette crise a provoqué l'intervention des militaires.
Les troubles ont fait une trentaine de morts et plus de cent blessés, selon l'opposition, sans préciser si le bilan était national ou s'il ne concernait que Ouagadougou. Certaines des victimes étaient soignées à l'hôpital... Blaise Compaoré, le plus grand de la capitale.

Le président refuse de démissionner

Le chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, dans un communiqué lu par un officier, a annoncé la création d'un «organe de transition», en charge des pouvoirs exécutifs et législatifs, dont l'objectif est un retour à l'ordre constitutionnel «dans un délai de douze mois».
Le président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1987, a déclaré au cours d'une allocution télévisée avoir «compris» le message de la population et pris «la juste mesure des fortes aspirations au changement». Il n'a toutefois pas évoqué une éventuelle démission, se disant à l'inverse «disponible» pour «ouvrir des pourparlers» pour «une période de transition» à l'issue de laquelle il «(transmettra) le pouvoir au président démocratiquement élu».
Des propos qui ont fait bondir Bénéwendé Sankara, un ténor de l'opposition, pour qui le départ du président est «un préalable non négociable». «Pendant 27 ans, Blaise Compaoré a roulé tout le monde dans la farine. Là, il est encore en train de duper, de ruser avec le peuple», a-t-il déploré.

Appels de la communauté internationale à la retenue

Un couvre-feu est désormais imposé «sur l'ensemble du territoire de 19h à 6h». Il est plus ou moins sérieusement respecté à Ouagadougou. A l'inverse, le président burkinabè a levé jeudi soir l'état de siège qu'il avait lui-même décrété dans l'après-midi.
Face à ce que le gouvernement sénégalais a qualifié de «soulèvement populaire», l'Union africaine a fait part de sa «profonde préoccupation» et appelé «toutes les parties concernées à faire preuve de la plus grande retenue». L'Union européenne a lancé un appel à «engager rapidement un dialogue» et à mettre fin aux violences.
Partenaires du Burkina Faso, qui joue un rôle-clé dans l'instable zone sahélienne, Paris et Washington étaient auparavant montés au créneau. La France, ex-puissance coloniale, a plaidé pour un «retour au calme» et les Etats-Unis ont exprimé leur «vive inquiétude». L'ONU, comme l'UA, a décidé d'envoyer sur place un émissaire.